« L’ingénieur d’affaires doit pouvoir se mettre à la place des autres »
Diplômé de la promotion 2005, Badr Zahi n’a jamais caché son attachement à Ionis-STM et à la pédagogie prônée par l’école de la double compétence. Expert reconnu dans le domaine de l’ingénierie d’affaires (métier qu’il enseigne d’ailleurs aux étudiants en 2e année de MsC) et des entreprises de services du numérique (ESN), cet Ancien est aujourd’hui dirigeant de DPS Digital Professional Services, une entreprise adossée au Groupe Setelia.
Badr Zahi
Quelle est la différence entre Setelia et DPS Digital Professional Services?
Badr Zahi : Setelia est un groupe de 550 personnes qui développe 40 millions de chiffre d’affaires à travers plusieurs lignes métiers – le développement Front-End et Full-Stack, toute la gestion d’infrastructures jusqu’à l’infogérance et le testing, avec un centre de service dédié à la qualification sur la partie matériel ou logiciel. Quant à DPS Digital Professional Services, créée en 2018, elle a pour vocation à traiter des marchés où le groupe n’est justement pas encore présent, principalement ceux de l’environnement, de l’industrie et du service au sens large.
Vous êtes diplômé de Ionis-STM depuis bientôt 16 ans et avez toujours évolué dans le secteur du numérique. Pourquoi ?
Ce qui me plaît dans ce secteur, c’est d’abord qu’il n’y a pas une journée qui ressemble à une autre. C’est très riche, d’autant que l’on traite des nouvelles technologies. Or, l’IT évolue très vite, aussi bien dans le développement que dans les infrastructures. Ce changement constant est passionnant et j’aime le fait de devoir être au courant de toutes les avancées technologiques tout en faisant du management, du commercial et de la direction de ressources humaines.
Cette pluri-compétence est incontournable dans votre métier ?
Bien sûr et j’inculque justement cela au sein de DPS Digital Professional Services : nous devons à la fois être des gens capables de comprendre la technique – ce que fait un développeur, un ingénieur système, un ingénieur réseau, etc. – et d’utiliser leurs capacités managériales et commerciales pour adresser les clients, comprendre leurs besoins et répondre au plus juste.
C’est finalement une définition de ce qu’est l’ingénieur d’affaires, à savoir quelqu’un qui possède la réflexion et le bagage technique d’ingénieur mais aussi la connaissance du monde des affaires, du business, du commerce.
C’est une bonne définition. L’ingénieur d’affaires doit au minima comprendre ce qu’il vend ! Il doit donc avoir les bases techniques, même si on ne lui demande pas d’être développeur ou ingénieur-administrateur système pour savoir ce dont il parle. C’est d’autant plus important que nos clients connaissent bien leur environnement car ils viennent majoritairement d’un univers technique, notamment informatique – cela va du directeur des systèmes d’information (DSI) au chef de projet en passant par le directeur de projet, le directeur de production ou le directeur des études.
À l’heure de la transformation numérique et de l’essor de nouvelles technologies, peut-on dire que le métier d’ingénieur d’affaires est plus que jamais un métier d’avenir ?
C’est un métier qui est déjà important et qui est voué à le devenir encore davantage. Et la transformation numérique n’est pas étrangère à cela. En effet, même des entreprises qui n’avaient jusqu’à présent pas une architecture informatique suffisamment développée doivent s’y mettre. C’est ce qu’a démontré la Covid-19, avec de nouveaux besoins en matière de télétravail. Pour mettre en place le travail à distance avec des équipes éparpillées, elles ont dû s’adapter et investir, pour avoir des logiciels solides et des architectures capables de supporter les flux d’échanges de données. Cette crise a montré l’importance des ESN dans ces processus.
On a parlé des compétences techniques et business, mais pas encore des soft skills. Quelles qualités humaines spécifiques retrouve-t-on généralement chez un ingénieur d’affaires ?
Sa qualité principale doit être de pouvoir se mettre à la place des autres. L’ingénieur d’affaires doit se mettre à la place du client pour comprendre son besoin, du consultant pour comprendre ses attentes et du staff interne pour savoir les adresser. L’empathie est incontournable. Mais il y a aussi d’autres qualités indispensables : il faut être dynamique et à l’écoute, avoir un bon relationnel, aimer le challenge et aller au bout des projets, être passionné par les nouvelles technologies et avoir une très grande capacité de travail. Sans oublier une très forte capacité d’adaptation, l’empathie allant de pair avec la curiosité.
En parlant de challenge, en un peu plus de quinze ans de carrière, vous avez pu en relever plus d’un. Certains vous ont-ils plus marqué que d’autres ?
Il y en a eu plusieurs ! Le premier qui me vient tout de suite à l’esprit, c’était la gestion d’une agence de plus de 220 personnes, avec 15 millions d’euros de CA. Cette agence était alors en perdition et il fallait la remonter, via les bons process et en remettant l’équipe sur les rails. Un beau challenge. Et le second qui me vient ensuite en tête, c’est forcément celui qui m’anime encore aujourd’hui, avec le lancement en 2018 de DPS Digital Professional Services, une start-up qui parvient à traverser la crise actuelle ! Si j’utilise le terme « start-up », ce n’est pas seulement parce qu’il s’agit d’une jeune entreprise, mais aussi parce qu’elle porte en elle un certain dynamisme, une agilité et une proximité avec le client que l’on ne retrouverait pas forcément dans une très grosse entreprise. Pour nous, chaque client est important : DPS Digital Professional Services n’est pas une société de 100 000 personnes qui va voir un client comme un numéro. Au contraire, chacun d’entre eux est un maillon de notre chaîne.
Enfin, quels conseils donneriez-vous aux étudiants actuels de Ionis-STM ?
J’en ai deux. Tout d’abord, je leur conseille de s’intéresser à tout ce qu’il se passe dans les nouvelles technologies : vous devez être curieux et toujours avoir l’envie de chercher l’information. Ensuite, n’oubliez pas que, pour votre travail, il n’y a pas que les parties techniques et fonctionnelles : pensez à toujours soigner vos présentations et le relationnel !