Mathilde Rengassamy (Ionis-STM promo 2018) : « Il faut avoir confiance en ses compétences et en soi »
Pour les étudiants sortant d’un cursus scientifique, Ionis-STM représente l’opportunité d’acquérir rapidement une double compétence managériale et la possibilité de s’ouvrir à de nouveaux métiers passionnants. Passée par la filière Biotechnologies & Management, Mathilde Rengassamy (promo 2018) peut en attester. Arrivée à Ionis-STM avec un profil résolument tourné vers la recherche en biologie moléculaire, cette Alumni y a construit une nouvelle trajectoire professionnelle dans l’univers de la cosmétique. Aujourd’hui Regulatory Affairs Assistant manager pour Sephora à San Francisco, elle revient sur son parcours et son quotidien particulièrement prenant.
Mathilde Rengassamy
Pourquoi avoir choisi de rejoindre Ionis-STM ?
Mathilde Rengassamy : Après le lycée, j’ai fait deux années de PACES pour accéder aux études de médecine, mais cela n’a pas marché pour moi. Je me suis donc redirigée vers une Licence 2 de Biologie Moléculaire, Cellulaire et Biochimie a la Faculté des Sciences de Limoges. J’ai ensuite rejoint l’Université Paris-Est-Créteil pour faire une Licence 3 en Biologie Santé, puis l’année suivante, j’ai intégré l’Université Paris-Saclay, via la Faculté des Sciences de Versailles, pour faire un Master 1, toujours en Biologie Santé. Au départ, je voulais me spécialiser dans la recherche en oncogénétique, mais après cette année-là, j’ai préféré me tourner vers une approche plus professionnelle. C’est comme cela que je me suis dirigée vers Ionis-STM pour faire mon MSc Biotechnologies & Management.
Quelles compétences espériez-vous acquérir en intégrant ce MSc ?
Après mon Master 1, j’avais la possibilité de partir en Australie pour rejoindre une université et y étudier l’innovation en biotechnologies – mais cela voulait aussi dire refaire une 3e année de Licence sur place -, ou de rejoindre Ionis-STM pour explorer le management de projets et d’équipes. Or, comme je n’avais pas encore réellement eu l’occasion de découvrir cet aspect, j’ai préféré opter pour cette seconde option plus professionnalisante.
Le monde de la recherche n’était pas fait pour vous ?
En fait, je ne me voyais déjà plus travailler en labo à ce moment-là. J’avais conscience que, si je continuais dans cette voie, je n’allais pas forcément avoir la garantie de partir sur un doctorat et allais probablement enchaîner les missions d’ingénierie en CDD. Je visais davantage une carrière plus stable me permettant d’utiliser mes compétences scientifiques d’une autre façon, dans un autre domaine, même si je ne savais pas encore vers quel métier me diriger concrètement ni quelles étaient les alternatives possibles au poste de chercheur. En arrivant à Ionis-STM, j’avais simplement la volonté d’acquérir un solide bagage en management. Cela me semblait incontournable.
Cette année de MSc a-t-elle justement répondu à vos attentes ?
Avec le management, j’ai trouvé ce que je cherchais ! Ce qui m’a particulièrement plu, c’est le fait d’avoir des cours animés par des professionnels de différents secteurs, s’inspirant de leurs propres expériences. Cela m’a changé des cours très classiques que j’avais pu connaître à la fac : ici, les modules se voulaient bien plus concrets et interactifs, notamment via l’approche projet. Même les examens étaient différents, avec quasi-exclusivement des soutenances à passer et très souvent en équipe. Travailler avec des personnes avec qui vous ne partagez pas forcément d’affinités ou qui ont un autre parcours que le vôtre vous pousse naturellement à manager et à acquérir de nouvelles compétences. Sans cela, vous ne pouvez pas réussir.
Quel projet vous a le plus marqué ?
Sûrement l’un des premiers que j’ai eu à mener, un projet sur l’Internet of Things. Personne ne se connaissait encore vraiment au sein de la promotion et nous devions pourtant travailler en équipe en privilégiant un thème en particulier. J’avais intégré une équipe uniquement composée d’étudiantes et nous avions opté pour le thème de la beauté. Le but était alors d’interviewer des professionnels de ce secteur pour voir comment ils utilisaient l’IoT. Nous avons pu interviewer le CEO d’une start-up qui développait deux solutions : l’une consistait en une protection solaire intelligente, l’autre en un masque pour visage intelligent permettant de mieux prendre soin de sa peau. Nos échanges se sont si bien passés qu’il nous a proposé un poste à chacune. Nous avons alors pu continuer à travailler à ses côtés dans cette startup, en parallèle de notre cursus. C’était une vraie opportunité et je remercie encore cette personne qui a osé nous donner une chance alors que nous sortions toutes d’études purement scientifiques. Quant au projet en tant que tel, il nous a permis d’avoir une très bonne note ! Il s’agissait, en plus, de ma toute première expérience en tant que cheffe de projet. Un très bon souvenir fondateur !
Est-ce que, déjà à cette époque, vous pensiez à traverser l’Atlantique ?
Depuis toujours même ! En fait, je ne me suis jamais imaginée rester en France. Il faut savoir que j’ai grandi dans les Caraïbes, en Martinique, jusqu’à mes 17 ans, et suis ensuite partie dans l’Hexagone pour la poursuite de mes études. Certes, c’est toujours dur de quitter sa famille, mais ce genre d’expérience vous forme. Comme j’avais déjà appris à me « détacher », je me savais capable de faire la même chose à l’étranger. D’ailleurs, j’avais déjà les États-Unis dans un coin de ma tête puisque je m’étais imaginée postuler dans un centre de recherche en génétique à Bethesda, vers Washington, dans le cas où je poursuivrais avec un Master 2 Recherche. Cette envie de partir ne m’a pas quitté en entrant à Ionis-STM, mais il me restait encore à définir quel métier je voulais exercer ! Dès le début du second semestre, j’ai commencé à y voir plus clair en souhaitant m’orienter vers le réglementaire en cosmétique même si ce n’était pas le cœur de la formation – nous avions eu seulement quelques cours sur le sujet en rapport avec les dispositifs médicaux et produits pharmaceutiques. Le stage m’a permis de passer un cap à ce niveau.
Mathilde, de la cérémonie de remise du diplôme à sa nouvelle vie aux États-Unis
Comment s’est justement passé ce stage ?
Je suis parvenue à trouver une entreprise prête à m’accueillir tout en sachant que je ne sortais pas d’un cursus dédié au réglementaire. Il s’agissait d’une entreprise de cosmétique installée à Paris et, par chance, ma manager avait un parcours assez similaire au mien, dans le sens où elle-aussi ne connaissait pas vraiment le réglementaire avant d’intégrer la société et d’apprendre sur le terrain. Elle m’a fait confiance et cela me permet d’être là où je suis aujourd’hui. Sans ce stage de six mois, je n’aurais sans doute pas appris autant de choses. Et à la fin de cette période, j’ai postulé à une offre de consultante dans le domaine du réglementaire. Une ou deux semaines après, le temps de passer les entretiens, je commençais à travailler. Je n’ai pas eu de problème pour trouver un emploi, c’est allé assez vite.
Et comment êtes-vous arrivée chez Sephora à San Francisco ?
En tant que consultante, je travaillais déjà étroitement avec l’équipe Sephora Collection basée aux États-Unis. Et quand ils ont décidé d’ouvrir un poste là-bas en réglementaire, cela m’a tout de suite intéressée. Je n’étais pas la seule candidate, mais j’imagine que le fait de connaître déjà certains projets et l’équipe a sûrement dû faire basculer la décision en ma faveur.
En quoi consiste ce poste de Regulatory Affairs Assistant manager que vous occupez désormais ?
Je dois m’assurer que le produit cosmétique développé est sûr à la consommation et qu’il ne provoque pas, par exemple, de réactions allergiques suite à son utilisation. J’ai également la responsabilité de faire en sorte que les messages revendiqués par le produit, tant sur son packaging qu’à travers les différents supports de communication, ne soient pas « mensongers ». Pour cela, je mène plusieurs types de tests (conso, d’innocuité, d’efficacité, etc.). Mon but est donc que le produit mis sur le marché soit « safe » pour le consommateur et conforme à ce qu’il annonce être. Je travaille ainsi en relation avec tous les services, du développement au marketing en passant par la qualité.
Ce côté « multi-facettes » vous plaît ?
Oui, beaucoup. Et j’aime aussi le fait que ce métier concerne d’une certaine façon le bien-être des gens. Bien entendu, je n’ai pas le rôle ou l’expertise d’un professionnel de la santé, mais le réglementaire touche tout de même un peu à la santé, soit le secteur vers lequel je me prédestinais après le Bac. C’est une façon de boucler la boucle ! J’apprécie aussi de pouvoir manager plusieurs projets. L’équipe américaine étant assez petite, cela me permet de prendre part à quasiment tous les projets développés et donc de m’intéresser à des produits de natures différentes, pour les yeux, le teint, la peau, etc. Chaque produit requiert sa propre approche, ce qui est très stimulant. J’interagis avec tout le monde et suis présente du début à la fin du projet, de la conception de la formule jusqu’à la mise en vente. En fait, tout me plaît !
Comme la ville de San Francisco ?
C’est vrai. San Francisco est une super ville. Certes, la vie y est assez chère, mais elle y est tout de même très agréable. On a la mer à proximité, les plages sont facilement accessibles et, à moins de trois heures, on est à la montagne… La ville est aussi assez inclusive, avec une population très mélangée, et plutôt « chill ».
Votre parcours se nourrit de choix forts, de paris tentés et réussis. Quel conseil donneriez-vous aux étudiants actuels de Ionis-STM ?
La première chose qui me vient à l’esprit est justement de ne pas avoir peur. J’entends par là de ne pas craindre de quitter son cocon familial ou autre, d’explorer, de prendre des risques. Par exemple, je n’ai pas vraiment cherché à en savoir plus sur San Francisco avant de tenter l’aventure. Quand j’ai entendu parler de la création du poste, je n’ai pas eu à réfléchir plusieurs semaines ni plusieurs mois, je me suis simplement dit « OK, je tente, je vais voir ce que cela donne et si ça ne marche pas, ce n’est pas grave : je trouverai quelque-chose d’autre à faire ». Ma philosophie est toujours d’essayer, de tenter. Il faut avoir confiance en ses compétences et en soi. C’est comme ça qu’on avance dans la vie, dans sa carrière, et qu’on devient capable de voir plus loin.